Sortie du 12 avril Malpasset


Pour changer un peu, allons vers le Far West. La saison touristique n'a pas encore débuté, il ne devrait pas y avoir trop de visiteurs sur le site du barrage écroulé. A peine avions-nous commencé cette promenade que la surprise est arrivée avec un car d'étudiants grecs, suivi par un deuxième, puis par un troisième ! En bons disciples d'Archimède, ils avaient réussi à faire tenir l'école du génie civil de Grèce entièrement dans les trois cars.

Ils sont venus de loin pour apprendre ce qu'il ne fallait pas faire. La rupture du barrage, le 2 décembre 1959 à 21 h 10, est due à une conjonction de circonstances. Une mauvaise implantation sur une roche fragile, la présence d'une faille, un épisode pluvieux exceptionnel qui fait monter brusquement le niveau. Le lac, qui avait atteint une hauteur de 94 mètres en 5 ans, arrive à 100 mètres en 3 jours. Un calcul approximatif évalue cette augmentation de volume à plus de 10% soit environ 5 millions de mètres cubes. C'est une masse considérable qui s'additionne aux 45 millions de mètres cubes déjà retenus, c'est trop pour le barrage voûte qui cède par le bas. Il est facile de critiquer après coup les techniciens incompétents qui ont construit cet ouvrage incapable de résister au premier remplissage complet. Pourtant, en examinant la roche supportant l'édifice et les pendages de celle-ci, il ne faut pas être grand spécialiste pour comprendre sa rupture.

Depuis cette catastrophe, la végétation a repris ses droits dans la vallée, les inévitables questions se sont donc à nouveau présentées, des réponses erronées ont naturellement été données sur le terrain, des rectifications ont eu lieu après examen à la loupe binoculaire... Les photos jointes attirent, avec une flèche, l'attention sur les points caractéristiques de certaines espèces emportées pour vérifications.

Quelques flaques d'eau dormante du Reyran étaient peuplées par une colonie de Ranunculus trichophyllus en fleurs, du plus bel effet. Le lit à sec de la rivière, ou plutôt du fleuve car il se jette dans la mer à Fréjus, était parsemé de touffes de Calepina irregularis. Des aigrettes garzette aux pattes jaunes et plumes blanches survolaient l'ensemble, voilà donc un lieu idéal pour manger au calme.

Puis le groupe a levé le siège, en se dirigeant vers ce qui reste du barrage, s'arrêtant au passage pour diverses plantes dont un exemplaire de Pistacia terebinthus prêt à fleurir. Il se trouvait à proximité d'un autre pied encore en sommeil hivernal. Le bouillonnement intellectuel des mercredistes, qui est lui aussi activé par le printemps, a évidemment posé la question : pourquoi cette différence ? Antoine a répondu par une autre question : est-il dioïque ? Le débat entre les sceptiques et les antisceptiques ne sera clos que par la lecture de la littérature à la maison. Oui, ce n'est qu'un rappel, les pistachiers ont bien des fleurs mâles et femelles sur des pieds différents. Toutefois il faut signaler que les horticulteurs manipulent Pistacia vera, celui qui produit les pistaches, en greffant sur Pistacia terebinthus des rameaux mâles et des rameaux femelles du fruitier. Les arbres en question deviennent ainsi plus productifs. Encore une nouvelle avancée de la parité ?...

En fin de parcours, Jean-Louis, mycologue de haute montagne, a escaladé un vieux tronc de Populus nigra afin de cueillir des exemplaires d'amadouvier. (un souvenir d'une demande de Joëlle en 2005...)


A l'école !

Ranunculus trichophyllus Feuilles à lanières fines se réunissant en pinceau lorsqu'on les sort de l'eau, plus courtes que les entrenoeuds, pétales blancs, jaunes à la base avec une petite cupule plus foncée, réceptacle avec poils (binoculaire sur fruit jeune), style sur le côté du carpelle, eaux douces dormantes.

Rumex bucephalophorus Feuilles en losange, petites, gaines à 2 lobes aigus, valves triangulaires, bordées de dents souvent crochues, 5 à 20 cm, sables maritimes, rocailles.

Vicia lutea Fleurs sessiles, isolées, jaunâtres à nervures violettes, étendard glabre, gousse à longs poils blancs ayant un tubercule à la base, plante velue hérissée, stipules à nectaire noir.

Vicia sativa subsp nigra Fleurs sessiles, isolées, violettes, calice à dents sensiblement égales, étendard glabre, gousse glabre, plante velue, stipules à nectaire en cupule, folioles étroites, vrilles ramifiées.

Fomes fomentarius Très épais, dessus très dur, brun à gris, dessous crème à brunâtre, 3 à 4 pores au mm, sur feuillus.

JB


1 A L'OUEST DE NICE 2001 2002 2003 2004 2005 2006

68 Le barrage de MALPASSET par Fréjus 14/05 16/02 12/04

Autoroute A8 direction Aix jusqu'à la sortie Fréjus. (2 péages à 2,6€) Au premier rond-point après le péage de Fréjus, tourner à gauche, puis prendre à gauche la petite route qui longe le Reyran. Passer le gué (s'il n'a pas plu les jours précédents) Parking sous le pont de l'autoroute.

Prendre la piste qui longe le ruisseau, puis celle qui part à droite vers le bas du barrage. Passer sur les ruines par le côté droit. Traverser le ruisseau et prendre la piste qui monte à gauche puis de nouveau à gauche vers le point de vue au dessus des ruines. Continuer vers l'Ouest pour rejoindre la piste de départ.