La berce du Caucase, Heracleum mantegazzianum.


D'abord un historique des rencontres dans le village de Thorenc avec cette plante envahissante :

- 2003 Des sorties du mercredi de l'Annam avaient fait découvrir quelques exemplaires de cette plante au bord du lac.

- 2005 La première mention dans une liste date de la sortie du 22 juin 2005. Sa présence est signalée au Cbnmed. Ni l'Annam, ni le Mhn de Nice ne s'intéressent à la berce du Caucase.

- 2007 Après la création de l'Abms en aout 2005, c'est le compte-rendu de la sortie du 8 août 2007 qui date la prise de conscience du problème par notre association. Le 12 aout des courriers ont été envoyés aux préfets du Var et des Alpes Maritimes, ainsi qu'au maire d'Andon. Le premier a répondu qu'il transmettait au Parc du Verdon, pas de réponse du second, la mairie d'Andon a répondu qu'elle transmettait à l'ONF.

Ci-dessous un extrait du CR du 8 aout qui concerne la Berce :

" Les choses sérieuses arrivent maintenant : il faut que l’Abms tire le signal d’alarme !

Les environs du lac de Thorenc ont été parcourus depuis plusieurs années, un plant d’Heracleum mantegazzianum avait été repéré mais ne suscitait qu’un intérêt de curiosité car nous ne connaissions pas d’autre station dans les Alpes Maritimes. Les discussions et les moyens de communication aidant, il s’avère que cette plante est dangereuse en raison de sa toxicité allergisante. Eliane a recherché des informations sur Internet, le résultat dépasse la prudence que l’on observait vis à vis de cette espèce. La conclusion est simple : il faut agir vite. Le lac de Thorenc est situé sur la Lane, affluent de l’Artuby qui se jette dans le Verdon. Si aucune mesure d’éradication n’est prise, les magnifiques Gorges du Verdon seront un piège sanitaire pour ses visiteurs dans les années à venir. Compte tenu du relief il sera impossible de s’en séparer lorsque les semences auront été emportées par les cours d’eau.

Le plant repéré il y a 4 ans a déjà essaimé car de nouvelles stations ont été vues en aval, il faudrait agir avant que les dizaines de milliers de graines n’arrivent à maturité. L’Abms va envoyer des courriers aux autorités, mais si parmi les honorables correspondants figurant dans le groupe de messagerie il se trouve quelqu’un pouvant faire avancer le schmilblick concrètement, ses messages seront les bienvenus.

Ci dessous un extrait de textes fournis par Eliane. Parmi ceux-ci et pour une information plus complète l’excellent «Manuel pratique de la berce géante» que l’on peut consulter sur le site suivant : giant-alien.dk

De Marc-André Thiébaud, conservateur, responsable des Ateliers Verts, secteur éducation environnementale aux Conservatoire et Jardin botaniques de Genève :

"La grande berce du Caucase peut se rappeler à votre "bon" souvenir durant toute votre vie !

Si vous touchez la plante, les toxines qu’elle contient agiront sur votre peau aux points d’impacts, mais n’entreront en action qu’après exposition au rayonnement solaire, et les premières brûlures ne se développeront parfois que plusieurs jours après la contamination. Cette phytophotodermatose est donc sournoise, c’est pourquoi elle a été longtemps méconnue, et souvent assimilée à une affection provenant d’une hypothétique chenille urticante. Selon l’intensité des lésions cutanées, et selon la résistance du patient à l’allergie, les symptômes peuvent se limiter à de banales rougeurs, ou au contraire développer d’énormes cloques de plusieurs centimètres. Même après guérison, les lésions des cellules épidermiques, au niveau de leur pigmentation, pourront durer de nombreuses années ou même s’installer définitivement. Ainsi, sans aucun nouveau contact avec la plante, les symptômes pourront se révéler et se répéter à chaque irradiation solaire. Cette plante est un fléau médico-social en Irlande et en Angleterre ; il commence à le devenir en Suède ainsi qu’en Europe de l’Est. Si l’on n’agit pas rapidement chez nous, il finira tôt ou tard par nous concerner également."

A l'école !

Heracleum mantegazzianum Grande plante vivace, atteignant 3,5 m de haut, à tiges d'un diamètre jusqu'à 10 cm, creuses, feuilles profondément découpées en 3 à 5 divisions, celles de la base atteignent avec le pétiole jusqu'à 3 m, fleurs blanches, en ombelles atteignant 50 cm de diamètre, 50 à 150 rayons, fruits longs de 10-14 mm et larges de 6-8 mm, floraison en juillet – août, un plant peut produire jusqu’à 80 000 graines. Cette plante représente un risque sérieux pour la santé humaine car elle contient des furanocoumarines photosensibles activées par les UV solaires. Tout contact doit être évité sous peine de voir apparaître des brûlures plus ou moins graves suivant la sensibilité des sujets."

- 2011 La berce revient à l'actualité par la sortie de surveillance du 26 avril, organisée par Alexandre, un stagiaire au parc du Verdon, avec Pierre de l'Onf et JB. Puis quelques réunions et la lutte va commencer, notamment par un chantier de fauchage le 26 juin. Diverses actions sont ensuite engagées pour obtenir des autorisations d'accès dans les propriétés privées. Le 13 juillet un message du Cen paca indique sa volonté de participer aux actions bénévoles. Quelques chantiers de fauchage sont ensuite réalisés, les comptes rendus sont accessibles sur la ligne archives du site www.abms06jb.info

- 2012 Une réunion sur le terrain le 25 mai destinée à définir une stratégie de lutte a mis des divergences en évidence. L'argument de l'Abms que la progression de la berce suivait une courbe exponentielle de la forme y=ax, où x est le facteur de reproduction des graines et a le nombre de plants pouvant fleurir, n'a pas été compris ni accepté par les "scientifiques" présents. Il n'est pas possible d'agir sur x qui est une variable dépendant de plusieurs conditions, météo, pouvoir de germination, dormance, type de sol, etc., le seul moyen réaliste de lutte est d'agir sur a en réduisant le nombre de plants pouvant fleurir.

Ce désaccord a été le point de départ d'oppositions qui ont conduit plus tard à une séparation des zones d'interventions : au nord de la D2 pour l'Abms, au sud pour les "scientifiques". Quelques chantiers ont été réalisés par l'Abms et par Dominique, membre bénévole du Cen Paca, qui avait bien compris le problème car il effectuait déjà des arrachages de jeunes plants en plus de la coupe des hampes.

L'autorisation préfectorale est donnée pour 5 ans afin de pouvoir agir dans les propriétés.

- 2013 Les divergences avec les "scientifiques" s'accentuent, par exemple leurs actions pour saboter une tentative d'impliquer les habitants de Thorenc et Valderoure dans un chantier programmé le 13 juin par l'Abms avec des associations locales, ceci au nom du dogme pondu par ces "scientifiques". Les courriers correspondants sont stockés dans une sauvegarde protégée...

En fin juin un accord avec le CG 06 définit les secteurs d'action de l'Abms au nord de la D2.

A la mi-aout, le prêt d'outils par le CG 06 permet maintenant l'arrachage des racines, en terrain meuble la bêche "Maurin" est un outil remarquable, en terrain caillouteux ou boisé la pioche convient mieux.

Sur les secteurs traités par l'Abms aucune graine n'a été produite car les hampes ont été coupées avant la floraison et les fauchages précédents avaient diminué la vigueur des racines.

- 2014 Un chantier a pu être organisé avec l'aide de 12 bénévoles d'une entreprise de parfumerie de Grasse, il a fait l'objet d'un article dans Nice-Matin. Le violent orage de grêle du 29 juillet a mis à mal des hampes en graines au sud de la D2 ainsi que la stratégie des graines matures ! Le nombre de hampes diminue fortement au nord, quelques repousses ont réussi à fleurir, mais aucune graine n'a été produite dans les secteurs traités par l'Abms. Devant le développement de la berce dans le site d'expérimentation, géré par les "scientifiques", le CG 06 a autorisé l'Abms à y intervenir.

- 2015 Une nouvelle participation de l'entreprise de parfumerie de Grasse et un reportage sur FR3 affichent la détermination de l'Abms. La suspicion de semis malveillants revient dans les débats : comment expliquer la présence de jeunes plants dans certaines zones et pas dans d'autres, alors que les traitements sont identiques et qu'il n'y a pas eu de production de graines depuis plusieurs années ? La reprise par l'Abms du traitement du secteur "expérimentation" met en évidence les résultats lamentables de la gestion des "scientifiques". Le secteur de "comptage" dont la localisation précise n'a pas été communiquée, restreint les passages de l'Abms dans le secteur historique en haut de la Ravinette. Malgré ces obstacles il n'y a eu aucune production de graines sur les secteurs traités par l'Abms.

- 2016 La participation à la fête de la framboise au moyen d'un stand consacré à la berce a montré la méconnaissance du problème par les habitants de la vallée. La reprise du secteur expérimentation par CG 06 est un échec comparable à celui du sud de la D2, l'Abms est intervenue pour éviter le pire en enlevant des repousses en graines. A signaler au sud la belle production de graines sur la petite presqu'ile accessible avec des bottes seulement. Aucune production de graines cette année sur les secteurs traités par l'Abms.

- 2017 La vocation de l'Abms est l'étude de la nature, mais la lutte contre la berce apporte accessoirement de bonnes surprises, par exemple, lors du chantier du 6 juillet, l'identification par Jacques d'une plante repérée par Rodié il y a 70 ans, donnée comme disparue depuis : Campanula alliariifolia. A part cela l'Abms a repris le traitement du secteur expérimentation afin de limiter les dégâts. En juillet, l'autorisation préfectorale de pénétrer dans les propriétés a été renouvelée pour 5 ans. Les chantiers s'orientent vers l'arrachage systématique qui est rendu possible par l'affaiblissement des plants. Il n'y a eu aucune production de graines cette année sur les secteurs traités par l'Abms.

- 2018 Des berces de plusieurs années ont été signalées, puis arrachées, sur la D2 et la D5 après le Pont du Loup, d'où proviennent les graines ? Le site de "comptage" a finalement été repéré, le traitement de toute la Ravinette est maintenant possible. Une équipe de Force 06 a coupé des hampes avant floraison le 19 juin autour du lac, un revirement dans la stratégie des graines matures ? Un essai de paillage a été effectué le 3 juillet au sana, à voir en 2019. Les nombreux arrachages effectués permettent d'espérer une maitrise de la berce au nord de la D2, où aucune graine n'a été produite cette année.

- 2019 Au moment de la rédaction de ce texte les chantiers de l'Abms continuent, surtout par des arrachages au pic. Une nouvelle rencontre avec les "compteurs au GPS", une semaine après le fauchage des hampes par Force 06, rappelle la même chose constatée en 2018, mais peu importe que la rigueur scientifique du comptage soit tangente, l'essentiel est que les hampes ne produisent pas de graines matures... Le paillage a été partiellement endommagé, il reste en place jusqu'en 2020. Des autorités du Cbnmed rencontrées le 29 juillet près du lac ont constaté la prolifération de la berce, dont certaines repousses étaient en fleurs. La petite visite après le repas lors du chantier du 8 aout montre les résultats de la stratégie des "scientifiques" sur la petite presqu'ile, où en 2016 des photos de hampe en graines ont été prises : des repousses en fleurs et une prolifération de plants vigoureux rappellent la situation de 2011, en pire !...


Et maintenant les enseignements tirés de 84 chantiers réalisés depuis 2011 :

- La berce ne produit des graines que plusieurs années après la germination,

- la hampe florale n'apparait que lorsque la racine s'est suffisamment développée,

- pour arriver à ce stade, sans interventions de fauche, les feuilles dépassent 1 mètre,

- les ombelles secondaires fleurissent et murissent après la principale,

- à ce stade l'arrachage manuel n'est pas possible,

- la collecte des graines matures est délicate en raison du décalage chronologique entre les ombelles,

- la hampe coupée après la collecte peut générer de nouvelles repousses.

Première conclusion : il faut empêcher la plante de produire une hampe florale !

- L'arrachage des jeunes plants au pic est la solution la plus efficace,

- si le coup est réussi la racine complète est extraite,

- au pire la racine sera coupée sous le collet (départ des feuilles).

- Pour les plantes plus grandes il faudra répéter l'opération car la racine ne sort pas la première fois,

- dans le cas de très grandes plantes il faudra d'abord scier les feuilles à la scie à manche,

- puis repasser environ 4 semaines plus tard pour donner un coup de pic sur les repousses.

- Si la hampe commence à apparaitre il faut la scier avant la production de boutons floraux,

- elle sera hachée au niveau des noeuds afin qu'ils ne puissent pas sortir.

Deuxième conclusion : on a évité la production de graines, mais il y a les repousses !

- Plus la racine est développée, plus les repousses sont rapides et peuvent produire des graines,

- il faudra donc repasser plusieurs fois au pic sur les sites où les hampes florales sont apparues.

- Dans le cas des plantes vigoureuses, le fauchage systématique ralentit leur croissance,

- un deuxième passage au pic ralentit le développement de la racine,

- elle sera plus facile à piocher l'année suivante, si elle n'a pas disparu.

Troisième conclusion : nous sommes dans un site avec des obstacles qui empêchent le piochage !

- Dans les buissons épineux la seule possibilité est la scie en usage répété qui finit par tuer la berce,

- il faut couper le plus bas possible, mais cela peut durer plusieurs années.

Dernière conclusion : plus on coupe les feuilles moins les racines se développent !

- Elles peuvent alors être éliminées par un piochage systématique et répétitif, c'est ce qui se passe dans les zones pâturées par les vaches qui rasent toutes les repousses.


Tout ceci ne se fait pas d'un coup de baguette magique, il a fallu 9 ans pour que l'Abms arrive à ne plus avoir de hampe pouvant fleurir au nord de la D2, sauf 1 individu perdu dans la forêt et dont l'origine est douteuse.

Mais notre petite équipe d'amateurs n'a pas exploré tous les recoins du village faute de temps, il est dommage que les parcs et autres organismes qui ne manient pas les outils se contentent de faire des études et des rapports, en freinant les initiatives de l'Abms essayant de mobiliser les habitants sur ce problème.

Les personnes intéressées par la berce peuvent consulter les comptes-rendus des chantiers sur la ligne trimestre en cours ou archives en cliquant sur www.abms06jb.info

Adresse e-mail : jean.bossu@free.fr