Sortie ABMS du 8 novembre 2018 Col de Belle Barbe, St Raphaël

Nous avons profité de la disponibilité de Jean-François B. pour essayer de résoudre une question en attente depuis plusieurs années : comment expliquer la présence de Cistus albidus dans quelques sites de l'Estérel ? Cette plante rencontrée souvent dans les zones calcaires, mais jamais dans les terrains strictement siliceux, entrainait la conclusion empirique que du calcaire était présent dans ce massif d'origine volcanique. Ce qui avait donné lieu à de nombreuses discussions, qui étaient parfois également empiriques...

Lors de la sortie, le pH à proximité des cistes a été mesuré : il était proche de la neutralité, des tests avec HCl ont été effectués, et ici une surprise : dans le vallon où de nombreux Cistus albidus se trouvaient en compagnie de Satureja montana, Thymus vulgaris et de nodules dans des roches de sédimentation lacustre, la réaction tant attendue a montré la présence de carbonates dans des nodules, dont probablement de CaCO3. Mais l'histoire ne s'arrête pas là, les recherches de Marianne, Jean-François, et Jacques, voir les résumés ci-dessous, merci à eux, nous orientent vers d'autres questions : Cistus albidus est-il strictement calcicole ou bien est-ce un problème de pH dépendant de la présence de Ca ? La suite au prochain N°...

A l'école !

Définitions extraites du dictionnaire de botanique de Bernard Boullard ISBN 2-7298-8845-4 :

- Acidiphile ou acidophile Caractère d'une plante se rencontrant de préférence sur sol très acide, pH 3,5-5, ex. Osmunda regalis, ou sur sols légèrement acides, pH 4,5-6, ex. Pteridium aquilinum.

- Basiphile ou basophile Plante se rencontrant de préférence sur sol de pH élevé, >7, ex. Tussilago farfara.

- Calcicole ou calciphile Plante se rencontrant de préférence sur sols calcaires, ex. Melica ciliata. ( cette préférence masque pour certaines espèces la recherche de sols "chauds" plus pauvres en eau, la plante est alors thermophile, ex. Buxus sempervirens qui est calcicole-thermique)

- Calcifuge ou calciphobe Plante manifestant une répulsion pour les sols riches en calcaire, ex. la majorité des éricacées.

- Silicicole (parfois tenu comme synonyme de calcifuge) n'aime pas le calcaire ex. Saxifraga granulata.

Ec. incl. : Un.e rond.elle...

Les nouveaux pluriels : Un marin des gars des eaux...

L'effervescence est due au dégagement de CO². La présence de carbonate (CO³) ou (HCO³) bicarbonate est donc indispensable, mais on a le choix des cations Na, Ca ou autre acide organique. Le mull calcique ou humus des sols calcaires est riche en calcaire actif et en calcium échangeable. Alcalin de 7,7 à 8,5. Il se développe sur substrat calcaire. Les agronomes tentent de classer les espèces herbacées et sous-arbustives suivant la teneur en polyéléments de leurs organes assimilateurs.

Dans le cas des Cistus albidus du Col de Belle Barbe, si on s'en tient à la définition du livre "Le vocabulaire forestier", le calcium libre est présent du fait de la présence de carbonates (calcium, magnésium), et ces carbonates peuvent avoir un rôle sur le pH. Par ailleurs le calcium est aussi présent dans des roches basiques (au sens géologique du terme, par exemple les basaltes, la serpentine, etc...). Y a-t-il des plantes calcicoles sur les sols de ce type de roches? Y a-t-il des calciums actifs? Et le pH de ces sols?

JFB

En ce qui concerne les plantes calcicoles (ex Cistus albidus au col de Belle Barbe) ou calcifuges (Quercus suber du col de Vence) qui poussent en "terrain non compatible", le pb est plus complexe que ce que nous avons envisagé : il faut étudier non seulement la proportion de calcaire mais aussi le pH (les ions H+ qui court-circuitent les autres cations) qui permet ou non les échanges nutritionnels de cations (Ca2+, Mg2+, K+, NH4+ (ammonium), Na+ ) avec les végétaux, qui varient en fonction de l'eau (acidification si trop d'eau), du sol (minéraux), de la présence de composés organiques : plantes (qui elles mêmes peuvent acidifier le sol en particulier par les racines qui produisent des carbonates) mais aussi champignons (rôle de la mycorhize qui est fondamental dans la croissance des arbres), de la faune, notamment des vers, qui permet la viabilité du complexe argilo-humique (fabriquent comme les champignons la colle humique que l'on appelle glomaline) qui capte les cations ; en bref il s'agit d'une science qui s'appelle l'édaphologie.

A L'OUEST DE NICE 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 

267 Col de Belle Barbe           08/118 

Itinéraire : Mandelieu, route du bord de mer vers St Raphaël, dans Agay au rond-point prendre la route vers Valescure, à la sortie d'Agay la route du pic de l'Ours, passer la maison forestière du Gratadis, puis la route à gauche du gué vers le parking du col de Belle Barbe.