Compléments à la sortie ABMS du 4 juin 2015 Biot par Jean-François



Quelques petites remarques sur le compte rendu:


"une cristallisation verte qu'un béotien pourrait tenter de rapprocher de la malachite, mais ce doit être plus compliqué que cela, un dépôt hydrothermal peut-être ?" En effet, il s'agit d'un filonnet hydrothermal, la magnifique photo permet de voir qu'il s'agit probablement de silice. La coloration verte peut être d'origine multiple : un élément chimique, le cuivre, le nickel, etc.. ; un autre minéral : l'épidote, malachite ?


Quant au dépôt calcaire, il y a quelques années, sans suivre la piste, mais légèrement en dessous, j'avais observé des poudingues pliocène avec des galets contenant des nummulites. La carte géologique de l'époque le signalait en affleurement, affleurement qui atteignait la piste. Hélas lors de notre visite, sur la piste nous avons trouvé des blocs de calcaires jurassiques, du calcaire éocène (sans doute lacustre ou de milieu faiblement agité) et quelques blocs de poudingues. Tout cela nous a conduits à conclure à un caractère anthropique de ces formations, à raison.

Mais je voulais vous faire une remarque en ce qui concerne le Ph des sols. Il se peut qu'en milieu acide (granite, gneiss, roche volcanique) par altération des feldspaths vous puissiez trouvez des sols basiques localement. En effet, j'avais travaillé de l'autre côté du col de la Lombarde, en Italie, sur un forage. Les roches qui constituent le paysage sont essentiellement des gneiss, des anatexites et des mylonites (très riches en silice). Les cours d'eaux circulent principalement dans les couloirs de cataclasites (roche issue de la fracturation des autres roches, allant parfois jusqu'à obtenir des argiles). Pour s'assurer de la non contamination des eaux par le forage nous faisions une analyse chimique des eaux du vallon d'Orgère en amont du forage et en aval du forage. Les italiens étant fans des eaux situées dans ce vallon, ils venaient avec des bidons faire le plein pour la semaine. A notre grande surprise le Ph des eaux de ce vallon n'était pas acide, mais basique. Les Ph mesurés étaient supérieurs à 7 sans doute liés à l'altération des feldspaths.

En conclusion, si certaines plantes à caractère basique se développent sur un sol acide, il serait bon de voir si elles sont dans des zones d'accumulation des produits d'altérations. A Biot, nous avons suivi la piste en montant, il n'y avait pas de sol, en descendant nous avons recoupé un vallon, avec des produits d'altérations (argiles), et la possibilité de développer un sol. Cela m’intéresserait que vous me montriez ces plantes incongrues.


Pour finir, je tiens à vous remercier de votre accueil, j'avoue que j'avais le trac, je sortais de mes compétences.


Jean-François



Merci à Jean-François.


C'est ainsi que l'on avance ! Par petites touches d'hésitations, suivies de recherches et de confirmations ou d'infirmations.

Pour ce qui concerne le Ph des eaux de ruissellement, il n'est pas impossible que le CO2 contenu dans l'atmosphère puisse le rendre supérieur à 7, mais l'explication de Jean-François répond bien à des questions que le groupe se pose fréquemment dans l'Estérel. Par exemple la présence de Cistus albidus aux environs des zones d'altérations du col de Belle Barbe près de la maison forestière de Gratadis. Ou d'Asphodelus ramosus qui ne serait pas strictement silicicole.

Il semble que pour la botanique nous devrons faire la différence entre le Ph et la présence de calcaire dans le sol. Une plante est-elle dite silicicole lorsqu'elle ne supporte pas un Ph alcalin ou la présence de calcaire ? Dans ce dernier cas il vaudrait mieux utiliser le terme calcifuge.

Inversement il faudra utiliser le terme calcicole pour une plante qui ne pousse pas sur un sol siliceux.

Mais ce n'est pas aussi simple de déterminer cette propriété des plantes, par exemple, on peut arriver à faire pousser des rhododendrons dans un sol calcaire en le rendant acide, soit artificiellement, soit par l'apport de "terre de bruyère". Une opération identique modifiera la couleur des fleurs d'hortensias.

Dans notre groupe d'amateurs, un membre pointu saurait-il faire quelques recherches ? Comme déjà dit, tout est lié, après un spécialiste en géologie, nous aurons aussi besoin d'un agronome spécialiste des sols…

JB