Sortie ABMS du 5 novembre 2014 Sophia Le Bruguet


L'automne apporte des champignons lorsqu'il pleut, mais la pluie empêche d'ouvrir sur le terrain des livres traitant de mycologie, avouez que le monde n'est pas encore au point !

Il faut donc s'adapter et saisir toutes les opportunités d'effectuer une sortie, même partielle. Les quelques participants ont guetté une prévision d'éclaircie qui a permis de faire un petit tour durant deux heures pour prendre l'air, et constater que la poussée de champignons ne démarre pas immédiatement après les trombes d'eau qui se sont déversées la veille. Le site parcouru est particulier, les roches dolomitiques proviennent de la couverture secondaire calcaire du socle, elles datent de 240 millions d'années. On y rencontre certaines espèces botaniques acidophiles, malgré une apparence de sol calcaire. Peu de plantes figurent dans la liste, il n'y a rien de spécial à signaler à part Galatella linosyris en fleurs, Myrtus communis en fleurs et en fruits, et Pinus nigra subsp. laricio.

Le petit groupe s'est surtout penché sur les quelques champignons rencontrés qui viennent augmenter notre connaissance. Les hygrophores avec celui qui a été nommé Hygrophorus penarius , mais qui entraine des hésitations et des commentaires (voir école), Hygrophorus persoonii, intouchable tellement il est gluant, puis Chroogomphus rutilus dont les caractères qui permettent de le différencier de Chroogomphus helveticus doivent être précisés en plus du biotope. Charles a résolu quelques points d'interrogations : la russule toute blanche : Russula vesca forme lactea.

Un grand merci à Nadine pour les photos, à Jacques et Charles pour les textes qui nous font faire un pas en avant. Et avec cet hygrophore, des heures ont été consacrées en recherches, pour arriver à la conclusion classique : rien n'est moins certain que l'affirmation d'une certitude sur le nom d'un champignon…


A l'école !

Hygrophorus penarius ou H. penarioides ? That is the question ! Jusqu'en 2007 nous étions peinards, il n'y avait que le premier. Faute de pouvoir faire une analyse biomoléculaire, il est impossible de nommer avec certitude l'hygrophore trouvé. Le caractère du biotope seul n'est pas constant dans les descriptions, les différents noms donnés pour ses variations ne sont pas tous retenus dans les bases de références, qui elles-mêmes ne s'accordent pas sur les synonymies, nous sommes probablement à nouveau confrontés à ce problème de multiplication des noms en fonction de la variabilité. Une étude rigoureuse devrait comparer des champignons poussant dans différents lieux, en même temps sous chênes et hêtres. La vérité par l'ADN ? Mais jusqu'où ? Devra-t-on nommer chaque individu mycologique comme Marianne, Nadine, Nicole, Charles, Jacques ou Jean parce qu'ils ont un ADN différent, enfin on le suppose…

JB


In Io sto con i Funghi, seconda edizione, a cura di Associazione Gruppi Micologici Toscani :

Hygrophorus penarioides : sous chêne, lames blanches, odeur de lait bouilli

Hygrophorus penarius : uniquement sous hêtre, lames à reflets ocres ou rosés

In Flore forestière française, région méditerranéenne, J. C. Rameau, 2008 : Clés Pins noirs (aiguilles de 8-18 cm, jeunes rameaux brun-jaunâtre, bourgeons ovoïdes très aigus résineux)

- aiguilles raides, piquantes, vert sombre, 8-14 cm, cônes sessiles, rameaux brun-clair, à zone basale sans aiguilles, réduite ou nulle = Pinus nigra subsp. nigra

- aiguilles souples, vert-bleuté ou vert-clair, cônes pédonculés : aiguilles un peu tordues sur elles-mêmes, vert bleuté, 12-15 cm, rameaux brun ocré luisants, à zone basale sans aiguilles, peu développée = Pinus nigra subsp. laricio (branches grosses, obliques = Pinus nigra var. calabrica ; branches fines, horizontales = Pinus nigra var. corsicana)

- aiguilles droites, vert clair, 10-18 cm, rameaux brun orangé à longue zone basale sans aiguilles = Pinus nigra subsp. salzmannii JL


Pour le champignon, on mettra donc penarius s.l., ou penarioides si l'on veut, puisque c'est la variété des chênes ?. Les auteurs de penarioides, qu'ils ont créé en 2007 en se basant sur des différences d'ITS, écrivent eux-mêmes : Hygrophorus penarius sensu lato is a whitish, dry or only slightly viscid, rather robust mushroom forming ectomycorrhizae with Fagus sylvatica or Quercus spp. There are slight morphological differences between the Fagus and the Quercus forms.

Le "penarius var penarius" selon la diagnose originale de Fries (qui le donne bien sous Fagus) a déjà été interprété diversement : le penarius sensu Quélet comme le penarius sensu Richen sont différents.

Sinon il y a aussi des formes et des variétés qui ont été décrites , comme Hygrophorus penarius var barbatulus (Becker) M.Bon = Hygrophorus barbatulus Becker, dont la marge est pubescente, surtout sur les jeunes exemplaires. Pour ces auteurs ce serait le barbatulus qui vient seulement sous Fagus en terrain siliceux et acide et penarius uniquement sous chênes.!!

Pour la russule blanche, la réaction en rose orangé vif au sulfate de fer est très nette, les spores sont blanchâtres, la cuticule facilement séparable; il y a donc de fortes chances que ce soit la variété lactea de vesca.

CA


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