Huitièmes "Journées botaniques de La Roquette" du 8 au 12 mai 2013


Comment dit-on lorsqu'un événement est satisfaisant ? C'est une réussite ! Et bien on peut le dire, il a fait beau, nous avons vu et appris plein de choses, les personnes venant des Alpes de Haute Provence et de l'Hérault ont transmis leurs connaissances aux membres de l'Abms, et inversement aussi.

Tout ceci a permis d'établir une liste de 529 espèces végétales, auxquelles 23 noms divers viennent s'ajouter. Comme d'habitude il faudra tenir compte des erreurs et des oublis, les commentaires à ce sujet sont toujours les bienvenus.

Alors la nomenclature ! Pour des amateurs comme nous c'est un casse-tête, nous n'avons pas le niveau pour émettre un jugement sur la validité d'un nom, il ne reste qu'une solution : se référer à la "V5". C'est ainsi que des épithètes donnés sur le terrain comme Ophrys aurelia ou saratoi ont été éliminés au profit de bertolonii. Il n'est pas possible de trimballer tous les noms qui ont été imposés par des botanistes voulant passer à la postérité. Pour appuyer cette diatribe contre certains anciens, (manière polie de les nommer…) un exemple qui nous a fait chercher quelques minutes devant Vulpia unilateralis : cette espèce possède 67 synonymes, de quoi en perdre son latin !

La chronologie de ces journées :

- Mercredi 8, d'accord, les journées n'ont commencé que le lendemain, mais en vue de les préparer, quelques participants aux sorties du mercredi ont jugé utile d'explorer les Préalpes de Grasse, et par la même occasion, de jeter un coup d'œil sur l'état de croissance d'Heracleum mantegazzianum. Elle est en retard, seuls trois débuts de hampes de 40 cm ont été remarqués. Par contre le nombre de plantules a encore augmenté par rapport aux années précédentes, c'est logique puisque la répartition des graines est exponentielle. A part cela, quelques individus remarquables comme Potentilla alba, Luzula sylvatica subsp. sieberi, Ribes alpinum n'ont pas échappé aux clics des photographes.

- Jeudi 9, le Tabour, le matin sur la piste vers Pégomas, presque 3 heures pour parcourir moins de 500 mètres aller-retour, la bonne vitesse pour donner des noms et dire pourquoi on donne ce nom. D'abord le socle cristallin de gneiss avec la végétation adaptée Erica arborea, Arbutus unedo, etc., puis les dépôts maritimes calcaires avec Coriaria myrtifolia, etc. L'après-midi gneiss, avec Serapias cordigera, lingua, vomeracea, puis la sédimentation continentale des grès de Mouans-Sartoux, et ensuite les dépôts calcaires où on a remarqué Tripodion tetraphyllum, Anemone hortensis, Ophrys bertolonii, et le rire sarcastique de Rana ridibunda lorsque le groupe a hésité entre Ophrys pseudoscolopax et Ophrys vetula, ce dernier nom n'étant pas encore décrit dans toutes les flores. (dans le domaine des orchidées aussi, l'ego et le besoin de renommée sont forts !)

- Vendredi 10, la Lieutenante, un mélange de gneiss du socle ancien du massif des Maures et de dépôts volcaniques de l'Estérel, auxquels les rivières ont ajouté des érosions calcaires. On y rencontre des plantes silicicoles comme Pulicaria odora, Tolpis barbata, Serapias strictiflora, Cistus ladanifer et Cistus x rodiaei, un hybride avec Cistus albidus, qui lui est plutôt calcicole.

- Samedi 11, les zones calcaires au dessus de Grasse. Sur les fleurs de Quercus pubescens une galle ressemblant à un grain de raisin, dont le nom est facile à retenir, Neuroterus quercusbaccarum, baccarum de Bacchus, celui qui n'avait jamais entendu parler de l'eau d'Evian. Puis le mythique Erodium rodiei près du Pas de la Faye, en compagnie d'Helianthemum salicifolium et Hesperis laciniata. L'après-midi sur le plateau de Caussols, Astragalus vesicarius aux poils blancs et noirs, Fritillaria orientalis aux feuilles plutôt alternes, plutôt opposées chez Fritillaria involucrata, Primula veris subsp. columnae aux feuilles tomenteuses dessous et une allure de Primula elatior, Ranunculus trichophyllus qui trempe ses pinceaux dans l'eau.

- Dimanche 12, le parc de la Croix des Gardes, des graminées à la pelle avec Bromus catharticus dont l'Abms cherchait le nom depuis longtemps, et les cerises sur le gâteau : Carex olbiensis et Carex depressa subsp. basilaris, deux plantes protégées qui seront montrées au gestionnaire du parc.

Il n'est pas possible en une page de décrire toutes les espèces pour lesquelles des conversations ont eu lieu, les mémoires seront sollicitées afin de répercuter dans l'avenir ce qui a été appris aux personnes participant à nos sorties, soit d'initiation, soit de perfectionnement.

Ces journées de La Roquette doivent continuer et se développer, si en 2014 Bédarieux ne fait pas les siennes durant le pont de l'Ascension, nous prendrons ce créneau. Dans le cas contraire ce pourrait être lors du pont du 1er ou du 8 mai. Si des botanistes confirmés avaient envie de venir, ils pourraient indiquer leur préférence de date.

En conclusion, merci aux visiteurs, un espoir : nous revoir aux prochaines journées, ils (elles) nous ont fait chaud au cœur et les méninges ont bien chauffé aussi…

JB